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Publié le 25/04/2025
Comment aborde-t-on une épreuve au long cours comme le Globe40 ? C’est une autre dimension sportive, mais est-ce aussi, mentalement, une autre dimension en raison de la durée, de la distance, des immensités océaniques à affronter ?
Ian Lipinski : « Le Globe40, c’est un gros morceau – c’est LE gros morceau de la saison ! La composante « équipage à deux » fait une sacrée différence avec un tour du monde en solitaire pour lequel, en effet, le mental est un facteur important. Être tout seul sur des courses de cette importance, c’est extrêmement dur. A deux, ça n’a rien à voir. Là, on est à quatre mois du départ et, pour l'instant, je me dis que ça reste une course avec des étapes un peu plus longues que d'habitude – certes dans des endroits que je ne connais pas, mais je serais bien accompagné ! Donc, pour le moment, pas trop de stress. C’est mon premier tour du monde. Je ne suis jamais sorti de l’atlantique. Je ne connais ni le Pacifique, ni l’océan Indien. Je n’ai jamais franchi le cap de Bonne Espérance, ni le cap Horn. Je me dis que ça va être une super expérience, riche à bien des égards, en particulier sur le plan humain avec beaucoup de nouvelles rencontres. Des étapes longues, des escales disséminées sur le globe, je ne suis pas inquiet de ce qui pourrait m’arriver. Ça va venir – le plus tard possible j’espère ! Je me concentre pour l’instant sur la préparation du bateau et l’aspect logistique.
La logistique du Globe40 est un défi qui se superpose aux autres ?
Ian Lipinski : Le Globe40 nous fait basculer dans une autre dimension. D’habitude, la grande course de l’année, c’est une transat. C’est assez simple : on court, on ramène le bateau à son port d’attache, on le met en chantier pour le préparer à l’épreuve suivante. Le Globe40 s’est comme enchaîner quasiment sept transats d'affilée sans revenir à la base ! Ce n’est pas du marathon, c’est de l’ultra-trail ! L’aspect logistique est proportionnel à la dimension sportive. Il faut travailler sur le déplacement des équipes, leur logement, les rotations, le matériel qu’il faut faire suivre loin de nos bases…
Vous allez disséminer des stocks de pièces détachées tout au long du parcours ?
Ian Lipinski : Il faut prévoir des pièces de rechange pour ce qui va casser et pour ce qu’il faut changer à certains stades d’usure. Lesquelles prévoir, lesquelles mettre à disposition à telle ou telle escale, où faire réparer les voiles, qu’emmener à bord, comment gérer l’énergie sur le bateau,… Tout est plus complexe.
Côté météo, vous planchez déjà ?
Ian Lipinski : La prévision météo est fiable sur 4 jours, 5 jours maxi. Sur des étapes d'un mois, on prend des options sans connaître la météo. Il faut avoir de bonnes intuitions.
Vous allez vivre sur le Globe40 des nuits d’un autre hémisphère. Vous aimez naviguer la nuit ?
Ian Lipinski : Il y a plein de nuits différentes… Des nuits par beau temps et pleine lune où l’on voit comme en plein jour ; à l’opposée, il y a des nuits noires, si noires que la moindre petite LED sur le pont peut vous éblouir et vous perturber. Les nuits très noires ne sont pas très confortables. Quand ça va vite, qu'il y a de la mer, on ne voit rien et on fait donc tout aux sensations. Avec la fatigue, on peut être un peu désorienté. Parfois, en tout début de course, quand on sait que la météo et la mer vont être compliquées, on voit arriver la nuit avec un peu d’appréhension. Avant que le soleil ne disparaisse, on range donc le bateau, on met chaque chose bien à sa place, la nuit arrive et il faut être prêt. Le début de l’obscurité peut être un peu effrayant, angoissant. Mais très vite, parfois dès la deuxième nuit, quand on a apprivoisé les conditions et pris nos marques, on est plus à l’aise. L’appréhension et l’inquiétude diminuent.
Vous disiez que vous ne ressentez pas encore de stress à l’approche du Globe40. Un peu d’impatience quand même ?
Ian Lipinski : Non, pas d’impatience non plus. Je suis même plutôt serein. Ces six dernières années passées avec le Crédit Mutuel ont été fantastiques. Le circuit du Class40 est génial. Chaque course est un régal car le niveau est très compétitif. Mais le Globe40 va être une parenthèse exceptionnelle !
Le Globe40 se dispute à deux et vous avez la possibilité de changer d’équipier à chaque escale. Qui sont-ils ou sont-elles et comment les avez-vous choisis ?
Ian Lipinski : L'annonce viendra prochainement, il va falloir encore patienter un peu... (sourire)
Vous partez pour gagner ?
Ian Lipinski : Bien sûr que je pars pour gagner ! Il n'y a pas une course dans ma vie où je suis parti sans vouloir gagner. Ce n'est pas prétentieux, c'est juste un état d'esprit. Même quand je joue à un jeu de société avec mes enfants, j’essaie de gagner ! Quand on sera sur l'eau, on fera tout pour gagner, pour essayer d'être plus malins que les autres. Après, il se passera plein de choses, il y a toujours plein de raisons de ne pas gagner. Mais on va essayer d’arriver les premiers !
Vous allez naviguer à quel rythme, demander quoi au bateau ?
Ian Lipinski : Le tableau de marche, on y pense avant et puis après, dans la pratique, on ne le suit pas forcément. Clairement, il va falloir abaisser un petit peu le niveau d'engagement qu'on a habituellement sur des courses de 4-5 jours ou même sur une transat. On ne pourra pas pousser autant le bateau, ce serait trop risqué. Pour viser un résultat, il faudra être bon sur toutes les étapes. En sport automobile on dit je crois « pour finir premier, premièrement il faut finir ». C’est pareil pour nous. »
FIN DE LA 3e PARTIE
.1ère PARTIE : « Le nouveau Class40 Crédit Mutuel, plus puissant que le précédent »
.2e PARTIE : « La CIC Med Channel Race, ma découverte de la Méditerranée »