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Publié le 22/11/2025
Ian Lipinski et Amélie Grassi ont pris ce samedi après-midi à 13 heures (locales) le départ de la 3e étape de la Globe 40. Leur itinéraire fera idéalement 5120 milles entre La Réunion et Sydney (Australie). Certainement un peu plus puisque l'on ne suit jamais la route optimale, qui s'allonge au gré des bords et changement de caps imposés par les vents.
Requinqués physiquement, remontés moralement, les deux navigateurs du Class40 Crédit Mutuel partent pour trois semaines de mer avec l’envie de bien faire. La déception de la 2e étape est digérée : à 15 milles de l’arrivée à La Réunion, bien mal servi par les jeux des dévents de l’île et du hasard, ils avaient rétrogradé à la troisième place au franchissement de la ligne, synonyme de la même 3e place au classement général provisoire, eux qui étaient en tête au départ de l'étape. L’heure est donc à la reconquête. « On est bien énervé, Ian et moi ! », assénait Amélie Grassi à quelques heures du départ, « Nous voyons bien les enjeux de cette étape, nous sommes bien chauds, bien motivés ! ».
Resté à la Réunion depuis son arrivée le 1er novembre dernier, Ian Lipinski avait lui privilégié le repos et l’accompagnement du travail de Sébastien Picault, le directeur technique du team Crédit Mutuel et de Camille Seasseau, préparatrice émérite. Et l fatigue a peu à disparu : « Moi ? Oh, je vais bien ! », s’amusait hier Ian Lipinski, « On en a bavé sur l’eau, Camille et ‘Pic’ en ont bavé à terre ! ». Les deux techniciens ont traité 92 points : réparations, changements de pièces, renforcements, contrôles et pointage de ce qui nécessite une vigilance particulière ont fait leur quotidien pendant les trois semaines de l'escale. « Il y avait des sujets d’accastillage, de bouts, des points d’usure, des casses, un délaminage du pavois (NDLR : partie émergée de la coque) consécutif aux battements d’une écoute (NDLR : les cordage de réglage de l’angle d’une voile), des petites questions d’électronique, de capteurs de vent et du boulot sur les voiles », énumérait depuis le ponton Ian Lipinski en contemplant Crédit Mutuel, amarré pour quelques heures encore, « Rien n’était vraiment très grave, mais il y avait beaucoup de travail à abattre… la sanction logique d’un mois de navigation engagée dans les mers du sud ». Il a fallu aussi trouver une alternative au spi medium qui a fait défaut à l'équipage dès l’entrée dans les mers du sud. Pour cela, la voile est repartie dans les bagages d’Amélie Grassi et une solution alternative a été trouvée, qui permet au duo d’avoir désormais une garde-robe complète pour cette troisième étape.
« Seb et Camille n’ont pas arrêté de travailler depuis leur arrivée pour remettre le bateau d’aplomb », poursuivait le skipper, « 8300 milles parcourus en réel sur une étape, ce n’est pas rien pour un Class40. C’est la première unité d’un nouveau plan qui n’a pas fait de Transatlantique (occasion rêvée pour tester la fiabilité d’un bateau), on s’est beaucoup entraîné, on n’a pas mal régaté… et le bateau est intègre. Mais, forcément, il y a de l’usure ».
Résolu à penser à long terme - un tiers des points seulement a été attribué pour le moment ; tout est ouvert au classement général - Ian Lipinski ne compte pas prendre de risques qui compromettraient la fiabilité du bateau sur le long terme. Son credo est et reste tourné vers le maintien d’un rythme de marathonien, pas de sprinteur : « La problématique reste totalement d’actualité. À mesure qu’on avancera dans la course, les bateaux seront sollicités, donc usés, notamment les jeux de voiles. La densité, on la met en termes de manœuvres, d’investissement, de recherche de trajectoires. On n’a pas été fainéants sur l’eau. On continuera à chercher les bons bords, à ne pas se relâcher, mais on ne peut pas trop pousser le bateau : il faut le faire durer et on restera dans l’état d’esprit qui nous anime depuis le départ. Le travail que Seb et Camille font à chaque étape est une partie importante de la performance, et je pense que la course se jouera aussi sur ce travail de remise en état. On est loin de l’arrivée et l’entretien du bateau, la détection de ce qui peut survenir, est au moins aussi primordial que de tirer les bons bords. Sportivement, ça bataille sur l’eau mais, plus ça va aller, plus il va y avoir des choses techniques qui vont infléchir le classement ».
Quant aux quatre points de retard sur le leader Belgium Ocean Racing-Curium, et son demi-point concédé au team allemand Next Generation Boating-around the World, ils ne bousculent pas la philosophie du skipper : « Je préfère envisager l’étape comme une nouvelle course, avec la volonté de la gagner, comme à chaque fois. Je n’ai pas envie d’adopter la posture du joueur qui a perdu au casino et qui mise plus fort pour rattraper ses pertes. Évidemment, les trois scows sont devant. J’ai le sentiment que, sauf problèmes techniques, la hiérarchie fait qu’il y a, devant, l’équipage belge, nous, et les Allemands juste derrière. Ils pourraient jouer devant, mais j’ai l’impression que ce n’est pas si simple pour eux de tenir les vitesses moyennes que nous affichons. Le Class40 Belgium Ocean Racing-Curium est un très beau bateau, très bien mené. Nous avons, nous, le potentiel pour être devant. Il n’y a pas quarante bateaux à surveiller sur cette course, mais il suffit d’un bon adversaire pour que cela pousse à élever le niveau ».
À 13h00 ce samedi, les huit équipages ont donc coupé la ligne de départ dans un vent de nord qui a permis quelques heures de belles glissades au portant avant de s’étioler. C’est par le contournement de l’Australie via les mers du sud que la flotte va progresser. « L’objectif premier sera sans doute de faire du sud pour aller choper les vents du sud », a résumé Ian Lipinski avant de monter à bord, « Nous sommes bien au nord des systèmes de dépressions du grand sud. On va probablement avoir d’abord des conditions anticycloniques qu’il faudra traverser pour aller récupérer ces dépressions qui circulent autour de l’Antarctique ».
En théorie, le Class40 Crédit Mutuel et ses rivaux ont à parcourir une route de 5120 milles nautiques (9482 km). Soit environ trois semaines de mer. « Cela représente plus de temps en mer que les transats qu’on dispute tous les ans », soulignait Amélie Grassi, « Il va falloir trouver un petit rythme et braver le froid puisque la limite de la zone des glaces descend très bas, jusqu’au 48°S au plus bas. C’est excitant parce que ça va nous mener à des endroits où je ne suis jamais allée : traverser l’océan Indien, passer le cap Leeuwin, glisser sous l’Australie… C’est stimulant ! ».
Toutes les informations sur le Class40 Crédit Mutuel, Ian Lipinski et ses équipiers ici !
Retrouvez ici le classement général avant la 3e étape. Outre ses couleurs, Crédit Mutuel est identifiable sur les photos grâce à son numéro 202.